RCF 61 Février 2019
Bonjour,
mes
amis,
j’espère
que
vous
n’avez
pas
abusé
des
crêpes
samedi
!
Je
voudrais
vous
parler
aujourd’hui
d’un
débat auquel j’ai participé au Collège des Bernardins sur le sujet « Dialoguer pour prévenir la violence »
Dialogue
inédit
entre
deux
personnalités
que
tout
semble
opposer
:
Philippe
Val,
journaliste
à
Charlie
Hebdo
et
Tareq Oubrou, imam de Bordeaux.
Cette
rencontre
a
été
initiée
par
le
«
Projet
Montesquieu
»,
groupe
de
travail
interconvictionnel
regroupant
Juifs,
Chrétiens, Musulmans et Humanistes qui veulent mettre leurs convictions au service de la cohésion et du bien social.
En
avril
2018,
à
quelques
jours
d’intervalle,
paraissent
le
«
Manifeste
contre
le
nouvel
antisémitisme
»
et
une
tribune
intitulée
«
Nous,
imams
indignés
».
P.
Val,
avec
ses
co-auteurs,
s’inquiète
de
voir
notre
pays
abandonné
à
l’antisémitisme
et
nous
dit
que
le
radicalisme
islamiste
entretient
cet
antisémitisme.
Dans
les
années
70
;
on
voyait
la
personne
et
non
le
Juif
ou
le
Musulman,
mais
sont
venues
la
politisation
et
la
radicalisation
qui
ont
amené,
petit
à
petit distance, méfiance puis haine entre les différents groupes.
Tareq
Oubrouk
fait
part
de
l’inquiétude
des
imams
devant
la
montée
des
tensions
intercommunautaires.
L’Islam
est
une
religion
qui
est
devenue
une
culture,
une
politique
utilisant
le
Coran
en
le
vidant
de
sa
dimension
religieuse
liée
à
un
contexte
historique
spécifique.
Les
salafistes
parlent
de
l’histoire
et
non
de
l’esprit
des
textes
sacrés
et
certains
musulmans sont dans le ressenti à cause de leur ignorance de l’Islam.
Il
faut
revenir
à
la
morale,
nous
dit
Tareq
Oubrouk.
Les
religions
sont
au
service
de
l’homme,
elles
ne
peuvent
pas
être
contre
l’homme.
Des
mauvaises
interprétations
des
textes
peuvent
mener
au
radicalisme
et
pour
échapper
à
ce
radicalisme
et
créer
un
présent
commun
et
un
avenir
commun,
il
faut
s’appuyer
sur
des
valeurs
universelles
qui
sont
les
valeurs
de
la
République.
Chacun
doit
pouvoir
exprimer
ses
valeurs
à
condition
de
ne
pas
ébranler
les
valeurs
laïques de la République, c’est ce qu’a fait le Colonel Arnaud Beltrame à Trèbes.
Grâce
à
une
théologie
de
l’apaisement,
nous
pouvons
trouver
dans
nos
religions
les
valeurs
qui
permettent
de
vivre
avec
l’autre
dans
sa
différence.
Les
théologiens
musulmans
travaillent,
sans
précipitation,
à
la
réforme
e
l’Islam
pour
ajuster
leur
théologie
aux
valeurs
de
la
République.
Il
ne
s’agit
pas
d’adapter
l’Islam
au
droit
mais
à
la
culture
et
à
la
civilisation
républicaines.
Pour
cela,
il
faut
accepter
l’idée
que
c’est
un
devoir
de
changer
les
choses
et
s’inscrire
dans
l’action
:
l’Eglise
a
mis
des
siècles
pour
évoluer,
l’Islam
est
en
chemin,
mais
cela
prendra
du
temps,
alors
le
plus
important
est
d’avoir
des
valeurs
telles
que
la
solidarité,
la
rectitude,
la
bonté,
la
charité,
l’excellence,
le
dévouement
et de les défendre.
Chacun - parents, école, politiques et médias – doit prendre ses responsabilités et parler à la génération montante.
Attention
aux
mots
tels
que
«
opinions
»
ou
«
convictions
»
!
Autant
les
opinions
peuvent-elles
être
dangereuses
car
individuelles
et
sans
besoin
de
justification,
autant
est-il
important
de
confronter
nos
convictions
et
d’échanger
dessus.
Les
convictions
engagent
celui
qui
les
a
et
engagent
une
action
politique,
mais
malheureusement
il
y
a
un
grand
manque
de
convictions
dans
la
République
!
Heureusement,
nous
dit
le
Pasteur
Schlumberger,
les
croyants
ont
des convictions et ce sont des ressources précieuses au service de la République.
Il
y
a
souvent,
c’est
dommage,
un
repli
identitaire
dû
à
une
trop
grande
confrontation
aux
autres.
Il
nous
faut
chercher
à
valoriser
l’expression
des
convictions
de
toute
nature
pour
pouvoir
les
mettre
en
débat.
Mais
notre
identité
doit aussi sortir du prisme religieux pour s’exprimer par le talent sans renier nos valeurs essentielles.
Jean-Pierre
Delevoye,
ancien
ministre,
s’inquiète
de
la
surconsommation
de
l’instantané
qui
amène
à
voir
l’autre
comme
un
adversaire.
Autrefois,
les
confrontations
étaient
collectives,
maintenant
elles
sont
individuelles,
au
nom
de
la liberté !
Il
y
a
de
moins
en
moins
de
pratiquants
–
de
religion
-
,
mais
ceux
qui
restent
ont
tendance
à
se
radicaliser
(de
plus
en
plus
à
droite,
de
plus
en
plus
à
gauche,
de
plus
en
plus
musulman,
de
plus
en
plus
chrétien
…).
La
différrence
de
croyance
devient
confrontation
qui
mène
au
rejet
de
celui
qui
ne
pense
pas
comme
moi,
cette
spirale
mortifère
est
très
inquiétante
!
On
a
perdu
le
sens
du
commun
:
dans
notre
république
laïque,
l’appartenance
à
une
religion
prime
sur
l’appartenance
à
la
nation
!
Sans
reconstruction
de
sens
commun,
il
ne
peut
y
avoir
de
solidarité.
Il
ne
faut
plus
être
dans
la
complaisance
et
la
conquête
du
pouvoir
mais
être
animé
par
des
croyances
qui
devraient
être
orientées
vers
la
tolérance
de
l’autre
et
l’enrichissement
par
la
différence.
Le
malheur
de
l’autre
ne
doit
pas
être
un
simple
fait
divers mais comme une interpellation pour agir et corriger ce qui ne va pas.
Réveillons
le
citoyen
qui
sommeille
en
nous,
non
pas
comme
un
acteur
conforme
à
la
République
mais
comme
une
personne qui peut agir et être responsable de l’autre, même s’il ne l’aime pas.
Rappelons-nous
la
formule
de
l’association
COEXISTER
«
pour
vivre
ensemble,
faire
ensemble
»
et,
comme
dit
Laurent
Grzybowski,
ayons
de
la
bienveillance
pour
l’autre
qui
a
le
droit
de
penser
différemment.
N’oubliez
pas
«
L’âme n’est pas où elle est, elle est où elle aime. »
Faites
bien
attention
de
ne
pas
prendre
froid,
je
vous
donne
rendez-vous
en
mars
pour
continuer
nos
rencontres
sur
RCF61, bien entendu !